Suite de mes aventures au Marathon d’Athènes 2011.
Dimanche 13 Novembre 2011 – 9h03 – Ville de Marathon :
Le départ vient donc de nous être donné et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a du monde autour de moi. La peur de tomber est palpable, d’où l’intérêt de courir avec les coudes un peu éloignés. Tout commence doucement donc sous le vent et le froid… 1,2,3,4 premiers kilomètres passés sans problème, je suis un peu en avance sur mes prévisions et me dis que cela me permettra de ne pas prendre trop de retard au cours de la longue montée entre les kilomètres 12 et 32…
5ème kilomètre, cela fait 26min57s que je suis parti.
6,7,8,9,10 kilomètres, j’en suis à 53min34s toujours aucun problème, je suis toujours en avance sur mon temps et cette avance a même tendance à s’accroître à mesure que la course avance, tant mieux. Pour se réhydrater, des postes de ravitaillement sont disposés tous les 2,5 kilomètres environs. Eau, boissons énergétiques, éponges pour se rafraichir le visage, bananes et gels nous seront distribués plus tard sur le parcours.
Au cours de ces 10 premiers kilomètres, ce qui m’a le plus marqué, ce sont les habitants grecs des environs qui sont venus uniquement pour nous soutenir, du bébé à la grand-mère, tout le monde est là à crier « Bravoooo, Kalimeras, Bravooo ». Très sincèrement, voir toutes ces personnes braver le froid pour venir encourager plusieurs milliers de coureur permet d’oublier la température et la pluie fine. De toute façon, au bout de quelques kilomètres le corps se réchauffe et quasiment tout le monde est en maillot de course. Tout le monde.. sauf peut-être moi qui ai préféré garder ma veste de peur qu’il ne pleuve à nouveau au cours de la course (vous verrez ça dans les vidéos).
11,12,13,14,15,16,17,18,19,20,21 kilomètres, la montée a commencé doucement mais surement, on le ressent d’ailleurs très clairement au niveau des genoux. Nous traversons de nombreux villages grecs ou la plupart des habitants sont la pour nous encourager chaleureusement. J’arrive donc au 21ème kilomètre en 1h55min59s, autrement dit à mi-parcours, et c’est véritablement là que je prends conscience que la montée me fait du mal, je ressens bien que je ne suis plus du tout aussi frais que 2 heures auparavant. Je multiplie donc la prise d’eau et d’aliments divers pour essayer de retrouver la forme. Rien à faire, cette énergie dépensée est derrière moi et il va falloir courir encore 21 kilomètres avec une certaine faiblesse qui s’instaure et qui grandit à mesure que les kilomètres passent.
22,23,24,25 kilomètres, je vois que mon temps d’avance sur mes prévisions qui avait atteint quasiment 10 minutes est en train de baisser… je souffre, je le sais, et ce chronomètre n’aide pas vraiment.
26,27,28,29,30 kilomètres, cela fait maintenant 2h52min44s que je cours et une douleur derrière le genou droit ne veut pas partir. C’est ultra tendu, et c’est une sensation que je n’avais jamais connue à l’entrainement auparavant ; qu’importe il faut aller finir ce marathon! Je cours donc beaucoup moins vite qu’au cours de la première partie du parcours et les vidéos disponibles à la fin de cet article vous le prouveront…
J’ai donc mal derrière le genou droit, et je dois continuer à avancer. Moi qui doublais beaucoup de monde jusqu’alors, commence à sentir le vent tourner et voir pas mal de coureurs me passer devant. Ça aussi pour le moral ce n’est pas l’idéal, en revanche ce qui motive énormément ce sont à la fois les spectateurs sur le bord de la route et le fait de voir des coureurs abandonner progressivement. On voit même passer des bus qui ramènent les coureurs qui ont jeté l’éponge. Voir passer ce bus de l’autre coté de la route ne donne qu’une envie : ne pas monter dedans et se dépasser pour finir malgré tout.
30,31,32 kilomètres je n’attends qu’une chose, c’est que la montée s’arrête et que l’on commence enfin à redescendre vers le centre ville d’Athènes. Cette illusion de croire que la descente est plus facile que la montée au cours d’un marathon, c’est une autre leçon que je retiendrai de cette course. Quand on est fatigué et en particulier quand on a mal au genou, il n’y a rien de pire que la descente…
Malgré les ravitaillements, c’est donc dur, on a beau boire ou manger on reste faible mais motivé. On s’accroche. On sait finalement qu’on va le finir ce marathon, mais on ne sait pas en combien de temps ni dans quel état…
33,34,35,36,37,38,40 kilomètres, la distance entre chaque borne kilométrique semble s’allonger à l’infini, c’est une délivrance à chaque fois qu’un kilomètre en moins est à courir. Nous atteignons le cœur d’Athènes, il y a beaucoup plus de monde, de bruit, de souffrance, de transpiration, et de fierté. On est fier à ce moment là (même si je sais que je ne courrai pas sous les 4 heures), on est fier d’arriver bientôt au bout de ce défi.
Évidemment depuis le début de la course j’ai maintes fois repensé aux personnes qui m’ont encouragées depuis des mois, à mes proches, famille et amis, je pense également aux personnes qui ont permis de faire grimper la collecte contre le cancer à 1.500€. Pour tous ces gens là il était impossible que je lâche.
Plus que 2 kilomètres…
41, ouf, on y est presque, c’est de la descente donc je souffre du genou, mais on y est presque, on a de l’énergie qui revient… on entend de loin le mythique stade panathéique qui gronde de coureurs et de spectateurs, on n’a qu’une envie, c’est de voir cette fameuse ligne d’arrivée à l’horizon et oui, oui elle arrive.
La borne des 42 kilomètres approche et je décide de puiser au fond fond de mes réserves et de commencer à sprinter. Depuis que je participe à des courses officielles (10km, 20km ou semi) j’ai toujours pris pour habitude de sprinter malgré tout à la fin. D’une part ça participe à l’état de délivrance finale et d’autre part ça fait tout de suite réagir le public de l’arrivé qui se met à crier et encourager de plus belle! Il ne reste qu’une centaine de mètres et me voilà dans ce fameux stade fait entièrement de marbre. Je ne sais plus si le soleil ou la pluie m’accompagnaient mais rien ne pouvais plus m’affaiblir. Je vois qu’a ma montre je finirais sous les 4h10min même si le panneaux d’affichage réglé sur le départ des coureurs professionnels annonce 4heures
12. Bref, je cours, je cours, je cours, jusqu’au bout...
C’est fait? C’est fait. 4 heures 9 minutes et 21 secondes. Oui, c’est fait ! Je commence à marcher, en étant extrêmement faible. Je fais le tour de la piste. On me remet une superbe médaille et une cape de protection contre le froid. Celle-ci d’ailleurs ne me fait aucun effet, j’ai extrêmement froid et je tremble. Les dents claquent même. Il fait 10-12°c et j’ai très froid. Pas vraiment le temps de réaliser ce qui se passe, mais je retrouve par chance Laura avec qui j’étais venu, et qui me passe son manteau. Je marche de travers, je tremble, et pourtant le retour à l’hôtel se fera à pieds…Dur dur.
Bref, j’ai essayé depuis des mois de partager mon quotidien en stage et en pleine préparation de mon premier marathon qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Je suis évidement très fier d’avoir pu terminer cette épreuve physique et mentale, mais aussi d’avoir pu lui donner un véritable sens à travers ma collecte au profit de l’ARC. Merci à toutes et à tous et merci à EMLyon de son soutien depuis mai dernier.
Tout est bien qui finit bien.
David.
PS : Si vous souhaitez voir des vidéos de la course, en voici aux 20ème kilomètre (veste noire fermée, j’apparais à la fin de la vidéo au milieu de la route), 30ème kilomètres(veste à moitié ouverte et bouteille d’eau à la main, j’apparais après 8 secondes) et à l’arrivée (en maillot blanc, j’apparais en sprintant à gauche de la piste après 8 secondes) qui soulignent bien l’état de fatigue dans lequel on se trouve à différents moments d’une course de plus de 42 kilomètres.
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